Il y a quelques années, peu auraient parié sur le retour en force de la pellicule 35mm. Pourtant, des films comme Oppenheimer , acclamé par la critique et le public pour son utilisation magistrale de la pellicule argentique, ou encore Babylon , avec son esthétique flamboyante, ont prouvé que le format argentique avait encore beaucoup à offrir. Le réalisateur Christopher Nolan, fervent défenseur du médium, a même affirmé que la pellicule offrait une richesse et une profondeur visuelle inégalées, et contribue à une expérience cinématographique plus immersive. La pellicule 35mm continue de séduire par son charme et son authenticité.
Pendant longtemps, le numérique a régné en maître, reléguant la pellicule à un rôle marginal, voire obsolète. Mais un mouvement de fond semble s'opérer, porté par des réalisateurs, des directeurs de la photographie et même un public de plus en plus sensible aux qualités uniques de l'image argentique et aux spécificités du rendu de la pellicule 35mm.
Les raisons du retour en grâce de la pellicule 35mm
Le renouveau de la pellicule 35mm n'est pas un simple effet de mode. Il s'explique par un ensemble de facteurs esthétiques, techniques, et une certaine nostalgie pour un processus de création plus artisanal. Redécouvrons pourquoi tant de cinéastes reviennent à ce format, privilégiant l'image argentique à la technologie numérique.
L'esthétique unique
La pellicule 35mm possède une esthétique singulière qui la distingue nettement du numérique. Cette esthétique est due à plusieurs éléments, dont la granulosité, les couleurs et les effets de lumière. Cette esthétique est un facteur clé dans le retour de la pellicule 35mm.
Granulosité et texture
La texture et le grain distinctifs de la pellicule sont des éléments clés de son charme. Ce grain, absent (ou artificiel) dans le numérique, apporte une richesse et une profondeur à l'image. Chaque pellicule possède sa propre signature en termes de grain, offrant un éventail de possibilités esthétiques. L'absence de ce grain lisse, souvent perçu comme aseptisé, est l'une des raisons pour lesquelles les réalisateurs reviennent à la pellicule. En moyenne, la taille du grain d'une pellicule 35mm est d'environ 0.02 mm.
Couleurs et teintes
La façon dont la pellicule capture et reproduit les couleurs est également différente de celle du numérique. Les couleurs en pellicule sont souvent décrites comme plus organiques et riches, avec des nuances subtiles difficiles à reproduire avec des capteurs numériques. Les pellicules Kodak Vision3, par exemple, sont réputées pour leur excellente reproduction des couleurs et leur polyvalence. Le choix d'une pellicule spécifique influence grandement l'esthétique d'un film, offrant au directeur de la photographie un contrôle précis sur l'ambiance visuelle. Certaines pellicules, comme la Ektachrome, offrent des couleurs particulièrement saturées.
Effets de lumière et flare
Les effets de lumière, et notamment les "flares" (ces halos lumineux qui apparaissent lorsque la lumière frappe directement l'objectif), sont plus aléatoires et organiques en pellicule. Ces effets, souvent considérés comme des défauts dans le numérique, sont ici perçus comme des éléments esthétiques contribuant à un sentiment d'authenticité et de réalisme. Ils donnent à l'image une dimension plus humaine et moins parfaite.
La qualité et la profondeur de l'image
Au-delà de l'esthétique, la pellicule offre une qualité et une profondeur d'image qui séduisent de nombreux réalisateurs. Notamment grâce à sa dynamique et la sensation de profondeur que cela procure. Cette qualité d'image est un atout indéniable pour la pellicule 35mm.
La dynamique
La plage dynamique de la pellicule 35mm, surtout avec les pellicules récentes, est comparable, voire supérieure, à celle du numérique. Elle permet de capturer un grand nombre de détails dans les hautes et basses lumières, offrant une image riche et nuancée. Cette capacité à gérer les contrastes est essentielle pour créer des images expressives et immersives. La pellicule Kodak Vision3 500T, par exemple, excelle dans les conditions de faible luminosité tout en conservant un rendu naturel. La plage dynamique de cette pellicule peut atteindre 13 diaphragmes.
La profondeur de champ
La pellicule peut créer une sensation de profondeur et de dimensionnalité plus marquée qu'avec le numérique. Cette impression est liée à la façon dont la pellicule enregistre la lumière et les détails, offrant une image plus tridimensionnelle. Les objectifs utilisés avec la pellicule, souvent vintage, contribuent également à cet effet. L'image argentique offre alors une immersion plus forte et plus réelle dans l'univers du film.
La perception subjective
La "qualité perçue" d'une image est un facteur important dans la perception du spectateur. L'image argentique a un impact psychologique différent de celui du numérique, souvent associé à un sentiment de nostalgie, d'authenticité et de beauté. Même si le public ne peut pas toujours identifier consciemment la différence, l'image argentique crée une connexion émotionnelle plus forte.
Le processus de création
Le processus de création d'un film en pellicule est radicalement différent de celui du numérique. Les contraintes imposées par le format argentique encouragent une discipline et une précision accrue, ainsi qu'une collaboration plus étroite entre les différents membres de l'équipe.
Discipline et précision
Le coût et les contraintes de la pellicule (stockage limité, coût du développement) imposent une discipline et une attention accrues sur le plateau. Chaque prise est précieuse, ce qui encourage une meilleure préparation, une planification rigoureuse et une prise de décision plus réfléchie. L'absence de l'immédiateté du numérique oblige à anticiper et à contrôler chaque étape du processus. Le réalisateur doit donc prendre des décisions plus affirmées dès le tournage, sans pouvoir compter sur une correction infinie en post-production. Le ratio de prise moyen sur un film tourné en pellicule est d'environ 5:1, contre 20:1, voir plus, pour un film numérique.
Collaboration
La création d'un film en pellicule implique une collaboration essentielle entre le réalisateur, le directeur de la photographie, le labo de développement et la post-production. Chaque étape du processus est cruciale et nécessite une expertise spécifique. Cette collaboration renforce le sentiment d'appartenance à une équipe et favorise la créativité. Un directeur de la photographie travaillant sur pellicule doit avoir une connaissance approfondie des différentes émulsions et de leurs caractéristiques, tout comme le laboratoire doit maîtriser le développement et le tirage pour obtenir le rendu souhaité.
L'attrait de l'authenticité
Il existe une nostalgie pour un processus plus artisanal et tangible, loin de l'immédiateté et de la possibilité de correction infinie du numérique. Le processus de création en pellicule est plus manuel, plus concret, et offre une expérience plus gratifiante pour les cinéastes. Le bruit de la caméra, l'odeur du film, le contact avec la matière : autant d'éléments qui contribuent à une expérience plus sensorielle et authentique.
Le prestige et l'aura de la pellicule
Le choix de tourner en pellicule confère un certain prestige et une aura particulière à un film. Il est souvent perçu comme un signe d'engagement envers la qualité artistique et une volonté de se démarquer.
Marketing et branding
Le choix de tourner en pellicule est souvent utilisé comme argument marketing pour mettre en avant la vision artistique et la qualité du film. Le public associe souvent la pellicule à un cinéma plus "auteur" et moins commercial. Annoncer qu'un film a été tourné en 35mm ou en IMAX 65mm attire l'attention et suscite la curiosité. Oppenheimer , par exemple, a largement communiqué sur son utilisation de la pellicule IMAX, attirant de nombreux spectateurs curieux de découvrir le rendu exceptionnel de ce format. Le film a généré plus de 950 millions de dollars de recettes mondiales.
Réputation artistique
La pellicule est souvent associée à un cinéma plus "auteur" et moins commercial. Les réalisateurs qui choisissent ce format sont souvent perçus comme des artistes soucieux de la qualité de leur travail et de l'authenticité de leur vision. Le choix de la pellicule est donc un moyen de se distinguer et de revendiquer une certaine indépendance artistique. La pellicule 35mm est souvent plébiscitée par les réalisateurs indépendants et les productions à petit budget.
Hommage au cinéma classique
Le choix de la pellicule peut être un hommage au cinéma classique et une façon de se connecter avec son héritage. C'est une manière de renouer avec les racines du cinéma et de rendre hommage aux grands réalisateurs qui ont façonné cet art. En utilisant la pellicule, les cinéastes d'aujourd'hui affirment leur appartenance à une longue tradition et revendiquent un certain héritage culturel.
Les défis et les limites de la pellicule 35mm
Malgré ses nombreux avantages, la pellicule 35mm présente également des défis et des limites qu'il est important de prendre en compte. En effet, elle engendre des coûts plus conséquents, des contraintes techniques mais aussi des implications importantes pour la distribution et la projection des films. Voici une liste de défis à surmonter :
- Coût élevé de la pellicule et du développement.
- Contraintes techniques liées à la sensibilité à la lumière.
- Disponibilité limitée du matériel et des laboratoires.
- Complexité de la gestion des rushes.
Le coût élevé
Le coût est sans doute l'un des principaux obstacles au retour massif de la pellicule. La pellicule brute, le développement, le tirage, la maintenance du matériel : autant de dépenses qui peuvent grever le budget d'un film.
Pellicule brute
Le prix de la pellicule 35mm est significativement plus élevé que les coûts de stockage des données numériques. Un seul rouleau de pellicule peut coûter plusieurs centaines d'euros, et un long métrage nécessite des quantités importantes. Pour un film de 2 heures, il faut compter environ 11 bobines de 1000 pieds (environ 300 mètres) de pellicule 35mm. Ceci représente une dépense importante pour la production. Une bobine de 35mm Kodak Vision3 500T coûte environ 350 euros.
Développement et tirage
Le développement, le tirage et la numérisation de la pellicule entraînent des coûts supplémentaires considérables. Chaque bobine doit être développée dans un laboratoire spécialisé, ce qui représente une dépense supplémentaire. De plus, si le réalisateur souhaite obtenir des copies de projection en pellicule, le coût augmente encore davantage. Le coût du développement d'une bobine de 35mm peut varier de 100 à 300 euros.
Maintenance et réparation du matériel
L'entretien des caméras, des objectifs et des équipements de projection représente également une dépense non négligeable. Le matériel argentique est souvent ancien et nécessite une maintenance régulière. Trouver des techniciens qualifiés pour réparer ces équipements peut également être un défi. Le prix d'une caméra 35mm en bon état peut varier de 10 000 à plus de 100 000 euros, selon le modèle et son état. Les coûts de maintenance peuvent atteindre plusieurs milliers d'euros par an.
Les contraintes techniques
La pellicule 35mm impose des contraintes techniques qui n'existent pas avec le numérique. Sensibilité à la lumière, disponibilité du matériel, gestion des rushes : autant de défis à relever pour les cinéastes qui choisissent ce format.
Sensibilité à la lumière
La nécessité de planifier soigneusement l'éclairage et la composition est primordiale en raison de la sensibilité limitée de la pellicule. Le directeur de la photographie doit maîtriser parfaitement l'éclairage pour obtenir le rendu souhaité. Les pellicules ont une sensibilité ISO fixe, ce qui oblige à adapter l'éclairage en conséquence. Il faut donc une plus grande préparation pour s'assurer d'obtenir les résultats désirés. Les pellicules les plus courantes ont une sensibilité ISO de 100, 200, 400 ou 500.
Disponibilité des équipements
Il devient de plus en plus difficile de trouver des caméras, des objectifs et des laboratoires en état de marche. Beaucoup de ces équipements sont anciens et ont été délaissés au profit du numérique. Les laboratoires spécialisés dans le développement de la pellicule sont de moins en moins nombreux. C'est un défi logistique important que les cinéastes doivent prendre en compte.
Gestion des rushes
Le stockage, le transport et la manipulation des rushes de pellicule sont des opérations complexes et coûteuses. Les bobines de pellicule doivent être stockées dans des conditions de température et d'humidité contrôlées pour éviter leur détérioration. Le transport des rushes entre le plateau de tournage et le laboratoire peut également être un défi logistique, surtout pour les tournages à l'étranger. La pellicule doit être traitée avec soin pour éviter les rayures et autres dommages.
- Stockage à température et humidité contrôlées.
- Transport sécurisé pour éviter les dommages.
- Manipulation délicate pour prévenir les rayures.
Les implications pour la distribution et la projection
La distribution et la projection des films tournés en pellicule posent des problèmes spécifiques, notamment en raison du déclin des salles équipées pour projeter en 35mm.
Copies de projection en pellicule
Le déclin des salles équipées pour projeter en 35mm et le coût élevé de la création de copies de projection rendent difficile la diffusion des films tournés en pellicule dans leur format d'origine. La plupart des salles de cinéma ont abandonné les projecteurs 35mm au profit des projecteurs numériques. Seules quelques salles spécialisées continuent à projeter en pellicule, offrant une expérience unique aux spectateurs. De plus, la création de copies de projection en 35mm coûte très cher, ce qui limite leur diffusion. Une copie de projection en 35mm peut coûter entre 1500 et 3000 euros.
Numérisation et compromis
La plupart des films tournés en pellicule sont finalement distribués et projetés en numérique, ce qui implique une perte de qualité. La numérisation de la pellicule introduit des artefacts et une perte de détails qui altèrent le rendu original. Même si les techniques de numérisation se sont améliorées, le résultat n'est jamais tout à fait le même que la projection en pellicule. C'est un compromis que les cinéastes doivent accepter pour atteindre un public plus large.
L'expérience unique de la projection argentique
La projection en 35mm offre une expérience unique, avec une image plus riche, plus chaleureuse et plus vivante. Il est important de préserver les salles équipées pour cela et de continuer à offrir au public la possibilité de découvrir les films dans leur format d'origine. La projection en pellicule est un véritable événement pour les cinéphiles, qui apprécient la qualité et l'authenticité de l'image argentique. Le nombre de salles équipées pour projeter en 35mm est estimé à moins de 1000 dans le monde.
Études de cas : films marquants ayant utilisé la pellicule 35mm récemment
Plusieurs films récents ont choisi d'utiliser la pellicule 35mm, démontrant l'intérêt continu des réalisateurs pour ce format. Analysons quelques exemples marquants et leur impact sur la création. La pellicule 35mm a permis à ces réalisations d'obtenir un cachet particulier.
*oppenheimer* (christopher nolan)
L'utilisation intensive de la pellicule IMAX 65mm et 35mm dans Oppenheimer a été l'un des arguments de vente du film. Christopher Nolan, un fervent défenseur de la pellicule, a choisi ce format pour offrir une expérience visuelle immersive et spectaculaire. La richesse des détails et la profondeur de l'image ont contribué au succès critique et commercial du film. Nolan a affirmé que la pellicule IMAX permettait de capturer des images d'une qualité inégalée, offrant au spectateur une immersion totale dans l'histoire. Le film a utilisé plus de 270 bobines de pellicule IMAX de 65 mm, et certaines scènes ont été filmées en noir et blanc. Environ 70% du film a été tourné en IMAX.
- Succès critique et commercial.
- Expérience visuelle immersive.
- Utilisation intensive de la pellicule IMAX.
*babylon* (damien chazelle)
Damien Chazelle a utilisé la pellicule dans Babylon pour recréer l'atmosphère du Hollywood des années 1920. Le grain de la pellicule, les couleurs riches et les effets de lumière ont contribué à l'authenticité de l'image et à l'immersion du spectateur dans cette époque fascinante. La pellicule a permis de donner au film un aspect vintage et nostalgique. Le directeur de la photographie, Linus Sandgren, a choisi une combinaison de pellicules Kodak Vision3 pour capturer les couleurs vives et les contrastes de l'époque. Le film a nécessité un budget de production de plus de 80 millions de dollars.
*licorice pizza* (paul thomas anderson)
Dans Licorice Pizza , Paul Thomas Anderson a opté pour la pellicule pour son côté "vintage" et nostalgique. Le film, qui se déroule dans les années 1970, bénéficie d'une esthétique chaleureuse et authentique grâce à l'utilisation de la pellicule. Le grain et les couleurs de la pellicule contribuent à créer une atmosphère particulière, qui rappelle les films de cette époque. Paul Thomas Anderson est un habitué de la pellicule, et il considère que c'est le format idéal pour raconter des histoires personnelles et intimes. Le film a été tourné avec un budget relativement modeste de 40 millions de dollars.
*mad god* (phil tippett)
Ce film d'animation en stop-motion a été tourné en pellicule pour obtenir un rendu unique et organique. La pellicule a permis de donner une texture particulière aux marionnettes et aux décors, créant un univers visuellement saisissant. Le film a nécessité plus de 30 ans de production, et l'utilisation de la pellicule a contribué à son aspect intemporel. Phil Tippett, le réalisateur, a choisi la pellicule pour son aspect brut et imparfait, qui correspondait parfaitement à l'univers sombre et étrange du film. Le film a été réalisé avec un budget limité, mais il a été salué pour son originalité et son esthétique unique.
*the lighthouse* (robert eggers)
Robert Eggers a utilisé la pellicule noir et blanc pour créer un style expressionniste et angoissant dans *The Lighthouse*. La pellicule a permis de donner au film une atmosphère particulière, qui rappelle les films d'horreur classiques. Le choix du noir et blanc et l'utilisation de la pellicule ont contribué à créer un sentiment de claustrophobie et de folie. Le film a été tourné avec des objectifs anciens et des techniques de tournage spécifiques pour accentuer l'effet vintage et expressionniste. Le film a été tourné sur une période de 35 jours.
L'avenir de la pellicule 35mm dans le cinéma
Le retour de la pellicule 35mm est-il une simple mode passagère ou un mouvement durable ? L'avenir nous le dira, mais plusieurs facteurs laissent penser que la pellicule a encore de beaux jours devant elle. On peut notamment évoquer l'investissement constant des fabricants et l'intérêt croissant des jeunes cinéastes.
Le rôle des laboratoires et des fabricants de pellicule
Les laboratoires et les fabricants de pellicule jouent un rôle essentiel dans la pérennité du format argentique. Sans eux, la pellicule ne pourrait pas survivre. Le soutien des professionnels est indispensable.
- Kodak : Investissement dans la recherche et le développement.
- Laboratoires : Services essentiels de développement et de numérisation.
- Écoles de cinéma : Transmission des savoir-faire.
Kodak
Kodak, le principal fabricant de pellicule au monde, s'efforce de continuer à produire et à améliorer la pellicule. L'entreprise a investi massivement dans la recherche et le développement de nouvelles émulsions. En 2018, Kodak a annoncé un partenariat avec plusieurs studios hollywoodiens pour assurer la disponibilité de la pellicule pour les années à venir. De plus, Kodak continue de soutenir les cinéastes qui choisissent la pellicule, en leur offrant des conseils techniques et un soutien logistique. Le chiffre d'affaires de Kodak dans le secteur de la pellicule cinématographique est estimé à plus de 50 millions de dollars par an.
Autres laboratoires et fournisseurs
De nombreuses entreprises se spécialisent dans le développement, le tirage et la numérisation de la pellicule. Ces laboratoires offrent des services essentiels aux cinéastes qui travaillent avec le format argentique. En France, par exemple, des laboratoires comme "Hiventy" ou "Color" continuent de développer et de numériser des films. Ces entreprises contribuent à préserver les savoir-faire et les infrastructures liés à la pellicule. Le nombre de laboratoires a diminué au cours des dernières années, mais ceux qui restent sont souvent des passionnés qui s'engagent à maintenir la qualité du service.
L'importance de la préservation
Il est essentiel de préserver les savoir-faire et les infrastructures liés à la pellicule. La formation de nouveaux techniciens et la maintenance du matériel existant sont des enjeux majeurs pour l'avenir du format argentique. Des écoles de cinéma, comme la Fémis en France, continuent d'enseigner les techniques de tournage en pellicule. De plus, des associations et des fondations se mobilisent pour préserver les archives et les équipements liés à la pellicule.
La coexistence du numérique et de l'argentique
L'avenir du cinéma ne se résume pas à un choix binaire entre le numérique et l'argentique. Les deux formats peuvent coexister et se compléter. L'avenir est à l'hybridation.
- Hybridation des formats pour un rendu optimal.
- Reconnaissance des limites du mimétisme numérique.
- Le choix artistique comme facteur déterminant.
L'hybridation
Certains réalisateurs combinent la pellicule et le numérique pour obtenir des résultats spécifiques. Ils peuvent, par exemple, tourner certaines scènes en pellicule pour profiter de son esthétique particulière, et utiliser le numérique pour les effets spéciaux ou les scènes de nuit. Cette approche hybride permet de tirer le meilleur parti des deux formats. Le film *Dunkirk* de Christopher Nolan est un exemple de cette hybridation, avec des scènes tournées en pellicule IMAX 65mm et en pellicule 35mm. Le film a été tourné à 75% en IMAX.
Les limites du mimétisme numérique
Malgré les progrès technologiques, le numérique ne peut pas reproduire parfaitement l'aspect de la pellicule. Le grain, les couleurs, les effets de lumière : autant d'éléments qui sont difficiles à simuler avec le numérique. De nombreux filtres et logiciels tentent de reproduire l'esthétique de la pellicule, mais le résultat est rarement aussi convaincant que l'original. L'image argentique possède une profondeur et une texture qui sont difficilement imitables.
Le choix artistique
Le choix entre la pellicule et le numérique est avant tout une question artistique et esthétique. Chaque format a ses avantages et ses inconvénients, et le réalisateur doit choisir celui qui convient le mieux à son projet et à sa vision. Certains réalisateurs préfèrent la pellicule pour son esthétique particulière, tandis que d'autres optent pour le numérique pour sa flexibilité et sa commodité. Le choix du format est donc une décision importante qui influence l'ensemble du processus de création.
L'influence sur les jeunes cinéastes
L'intérêt des jeunes cinéastes pour la pellicule est un signe encourageant pour l'avenir du format argentique. Ils représentent l'avenir du cinéma argentique. Voici pourquoi ils sont si importants:
- Apprentissage des techniques de base.
- Expérimentation et innovation.
- Création d'une nouvelle génération de cinéastes argentiques.
L'apprentissage des techniques
Il est important d'apprendre les techniques de la pellicule pour comprendre les fondements du cinéma. La connaissance des techniques de tournage en pellicule permet aux jeunes cinéastes de mieux maîtriser l'image et de développer leur propre style. Les écoles de cinéma qui enseignent encore la pellicule jouent un rôle essentiel dans la transmission de ce savoir-faire. L'apprentissage des techniques de la pellicule permet également de mieux comprendre les limites et les possibilités du numérique.
L'expérimentation
Il est important d'encourager les jeunes cinéastes à explorer les possibilités offertes par la pellicule. L'expérimentation avec différents types de pellicule, différents objectifs et différentes techniques de développement permet de découvrir des esthétiques nouvelles et originales. La pellicule offre une grande liberté créative, et les jeunes cinéastes sont souvent attirés par cette possibilité d'expérimenter et de repousser les limites du médium.
La création d'une nouvelle génération de "cinéastes argentiques"
Il est possible qu'une nouvelle génération de "cinéastes argentiques" émerge, contribuant à un renouveau durable de la pellicule. Ces cinéastes, passionnés par l'image argentique, pourraient redéfinir les codes du cinéma et créer des œuvres originales et novatrices. L'intérêt croissant des jeunes pour la pellicule est un signe positif pour l'avenir du format argentique.
L'utilisation de la pellicule 35mm, bien que confrontée à des défis économiques et techniques, offre une esthétique, un processus de création et une aura uniques. Les exemples de films comme *Oppenheimer* et *Babylon* prouvent que le format continue d'inspirer les cinéastes et de fasciner le public. Elle reste un outil précieux pour créer des œuvres cinématographiques marquantes.